samedi 26 avril 2008

Epilogue

Comme dans les concerts, nos nombreux fans nous ont fait remarquer que ce blog se terminait un peu trop vite, et qu'il méritait un petit retour sur scène pour conclure l'aventure en beauté.

Voilà maintenant plus de deux semaines que nous sommes rentrés. C'était pas très drôle. Dans l'avion, c'était un peu la déprime. L'hôtesse de l'air m'a apporté des mouchoirs en me disant "je ne sais pas ce qui t'arrives, pumpkin', mais j'espère que ça va s'arranger, tu es trop mignonne..."
et à chaque fois qu'elle me souriait ou m'apportait un bonbon, j'avais envie de la serrer dans mes bras, histoire de ramener un petit bout d'USA à la maison...

On a retrouvé avec grand plaisir notre bel appart, nos chats, on a pu étudier avec joie les bourgeons et les fleurs sur la terrasse, mais quand même, ce retour à la réalité s'est fait avec le coeur un peu gros.

On a eu la chance de pouvoir partir 3 semaines, de voir des tas d'endroits différents, c'est presque comme si on avait visité plusieurs pays, plusieurs façons de vivre, c'était une véritable aventure, avec en prime le suspense et les rebondissements...

Et c'était bien mieux que tout ce qu'on s'était imaginé. C'était plus grand, plus beau, plus drôle, plus incroyable, plus passionnant que les clichés qu'on avait (enfin peut être surtout moi) sur ce pays extraordinaire.

C'était dépaysant, mais en même temps très familier: on parlait la langue, on regardait les futures saisons de nos séries préférées, et on avait un peu partout cette amusante impression de "déjà vu à la télé". Mais grâce à ce petit confort culturel, on pouvait s'attarder sur les vraies différences entre l'Europe et l'Amérique, on pouvait aller plus loin dans notre découverte. On a été au bout du monde, mais avec ces échos de "comme à la maison".

On a aussi vu de près le fameux monstre de l'économie ultra-libéral. La précarité des petits boulots, les sans papiers à la recherche d'un job au black, la culture toute puissante de l'entreprenariat... Et aussi leurs (quelques) bons côtés: les serveurs hyper attentionnés parce qu'ils sont suspendus à ton pourboire qui sera leur seul salaire, ou l'énergie dégagés par ceux qui croient dur comme fer que tout est possible...

Après avoir pu vivre quelques semaines dans cet autre monde, on comprend un peu mieux le rêve américain. Sans pour autant en rêver aussi, on en revient très attachés à notre vieille Europe, mais aussi plus indulgents envers ce pays et ses habitants qu'il est de bon ton de mépriser.

Et oui, après avoir découvert l'hospitalité rurale au Nevada, les bobos en goguette se payent une petite tranche de relativisme culturel!

Bref, il ne faut jamais dire jamais: j'ai adoré les USA!

Maintenant qu'on est de retour, vous êtes toutes et tous les bienvenus pour un barbecue sur la terrasse, on vous repassera les photos (recadrées, mises en scène, enfin vraiment belles) et on vous racontera tout ce qu'on a oublié de vous écrire!

Cécile et Florent.

lundi 7 avril 2008

Petit cours de commerce, tome 2

J'avais raconté ici le talent du loueur de voiture pour nous refiler une épave au prix d'une Mustang Cabriolet.

Aujourd'hui, alors que, de retour à San Diego, nous sommes allés voir s'il y avait moyen de se faire rembourser la water pump cassée chez nos amis les escrocs de AutoRent (ou Rent4less, chez qui il ne faut pas louer non plus, c'est les mêmes)...

Level One

Ce fut un moment fascinant. On a eu la, euh, chance, de retomber sur n°21 (là, c'est pas comme Darrell, on connait pas son prénom), notre loueur, avec qui on a eu une bonne demie-heure de discussion agitée pour savoir si, oui ou non, il nous avait dit qu'on pouvait sortir de la zone théorique d'utilisation de la voiture. Son argument étant "je vous avais dit que vous n'aviez pas le droit d'aller dans l'Utah", notre argument étant "oui, mais votre voiture est quand même pourrie, Utah ou non".

La partie s'orientait vers un pat, notre ami ayant, certes, le contrat, que j'avais, certes, signé, pour lui, tandis que nous avions pour nous le fait que, bon, on lui avait dit qu'on faisait un road trip, et le fait que, malgré tout, il savait, et nous savions, qu'il nous avait loué une poubelle.

Ce que, paradoxalement, il reconnaissait, tentant même d'en faire un argument :"mais c'est bien parce que nos bagnoles sont pourries qu'on n'autorise pas la sortie du comté de San Diego, et je vous ai bien dit que c'était limité au comté de San Diego" !
Oui, n°21, mais tu ne nous a pas dit, à ce moment, "je n'ai que des épaves, louez ailleurs"...

Bref, il nous propose un moyen terme, on vous rembourse 400 $, vous nous en filez 150 pour la sortie de la zone de couverture, et on en parle plus. OK, admettons, il va donc chercher le fameux owner, sur lequel il n'a cessé de dire du mal pendant ce long débat.

Level Two

Revient donc un autre employé, celui-ci étiqueté Rent4less (qui sont aussi des escrocs, donc), qui s'installe sur l'ordinateur, tape des machins, et, au bout de deux minutes à faire semblant de taper des trucs (probablement pour regarder sur google maps ou on était), nous explique que :

1) On a commis une grave infraction, très grave, en allant en dehors de la zone autorisée
2) La pièce, et ben c'est même pas une genuine Ford replacement, donc, bon, c'est limite si on lui a pas abîmé sa voiture.

D'ou il conclut que :
La pièce, on doit la payer, il remboursera pas. Et qu'on lui doit 450 $ de mileage parce qu'on a été là ou c'était interdit.

C'est là qu'on entre dans le sublime de l'arnaque (et ce n'est qu'un début !!!).

Il nous fait donc une offre : soit on paye 250 $ maintenant, et on oublie tout ça, soit ils transmettent le dossier au legal department, qui nous poursuivra jusque dans la Toundra sibérienne s'il le faut pour récupérer les sous.

Mouais. On est des bonnes poires, mais là, quand même, y'a des limites. Je lui explique donc que, pas de problèmes, qu'il transmette le dossier, et s'il pouvait me confirmer qu'il y aura bien des navettes pour l'aéroport mercredi matin ?

Alors, certes, il n'est plus question maintenant de récupérer de l'argent, mais il prend conscience que pour nous en soutirer, ça ne sera pas si facile qu'il l'espérait. On n'est, en somme, que des demies-bonnes poires. Assez naïfs pour louer des poubelles par tendresse et pour trois semaines, pas assez pour payer une deuxième fois.

Le boss de fin de niveau


Il va donc chercher son chef. Le patron, pourtant jusqu'ici officiellement ailleurs, le Capo dei Capi, The Owner.

Qui arrive, et qui correspond à ce qu'on imagine : chemise blanche un poil ouverte quand même, gourmette, cheveux gominés, accent prononcé. L'ambiance Tarantino est plus que là, pour le coup, surtout quand le mécanicien, 1M60, 110 kilos, le t-shirt gras, et muet (ou en tout cas non anglophone) vient à ses côtés.

Gloups.

Là, ça devient très très très tendu. On n'est plus à ergoter à 50 dollars par ci par là, ça devient menaçant. Et on ne rigole plus. Le boss explique qu'on a fait un truc très grave (oui, ça, on sait), que ça ne va pas se passer comme ça, et me demande les clés pour voir le kilométrage pour qu'on lui paye le mileage fee.

J'ai pas trop, trop envie de lui refiler les clés, là, comme ça, sans plus d'explications. On a encore des bagages dans le coffre, on est à 30 kms de la maison donc rentrer à pied, ça me tente moyen.

Jusqu'ici, on marquait des points, particulièrement en leur rappelant que les pneus slicks ne sont pas légaux en Californie. Là, on perd du terrain. Je tente de proposer "on oublie tout, on s'en va, on se fait pas rembourser", mais là c'est plus une option. Le patron s'est déplacé, ça va pas être pour rien. Je ne veux pas lâcher les clés, et on a encore deux jours de location, après tout.

"Fine ; then I'll declare the car stolen". Gloups. Je lâche les clés de la voiture, entre autres grâce à Jérôme, qui me fait remarquer que ça deviendrait un peu tendu, de rouler à bord d'une voiture volée.

La voiture n'étant pas garée dans les 10 mètres, The Boss donne la clé au Muet, pour qu'il vérifie le mileage et les pneus. Je l'accompagne, j'ai des Adidas Vintage dans le coffre, Cécile me suit, héroïquement, Jérôme reste, avec le 911 sur le Speed Dial pour le cas où.

Le Muet démarre sur les chapeaux de roue, et je nous vois (vraiment, pas juste pour rire) finir enterrés dans le désert ou avec des chaussures en béton au fond de la rade de San Diego. Le ding-ding-ding de sa ceinture non attachée n'aide pas à me détendre vraiment.

On fait le tour du pâté de maison, histoire de pouvoir se garer à proximité de l'agence, et, heureusement, il s'arrête. Descend, constate l'état des pneus, et part rendre compte au Boss.

Nous sommes vivants. Et c'est déjà pas si mal.

Ca turbine dur dans l'office du Capo. Finalement, il sort avec une nouvelle proposition, du genre qui ne se refuse pas : le mileage fait qu'on lui doit 525 $, mais, comme il veut être conciliant, lui nous en doit 400. On lui fait une CB de 125$ et tout le monde est content.

L'heure est à la détente. Je lui explique que, bon, j'avais mal compris pour les clés, c'est pour ça, c'était pas personnel, il comprend bien, il admet que, oui, sa voiture est une épave, on devrait arriver à un deal.

125 $, donc. Il croit encore qu'on est des poires, quart de poires, sans doute ?

En même temps, pas plus envie que ça de partir pour un quatrième round. A ce jeu là, ils seront toujours plus forts que nous, c'est un 3 contre 3, mais ils sont pros, leurs attaques sont coordonnées, nous on est amateurs, et dans 48 heures on repart. Donc l'option "on vous fait un procès", on l'a pas vraiment.

J'en reviens à mes 125 $ : le chiffre ne correspond à aucun mileage, juste à une somme raisonnable. Ca veut dire que l'état des pneus, entre autres, joue en notre faveur, et compense assez largement le fait qu'on a pas respecté les termes du contrat.

On reprend l'ascendant. On va s'en sortir vivant, et pas ruinés.

Game Over


Il me fait ses petits calculs, je reprend calmement la parole. Alors, 400$ pour la pompe, mais si on compte l'interruption du séjour, les nuits d'hôtel supplémentaires, "maybe we can forget it ?"

Sourires, tout le monde est content, dans ma grande tradition du "je me fais avoir et je dis merci" c'est moi qui offre un thank you, et on repart, enfin, direction le mall pour acheter de quoi se saouler un peu.

Bon, ça nous a coûté cher, ça nous a fait rater le grand Canyon, ça fait de bons récits de vacances pour les années à venir, et finalement on s'en sort pas si mal. Et, pire, on ne leur en veut même pas ; comme avec un magicien ou une voyante, finalement, on a été, tout du long, un peu complices de ces arnaqueurs.

Cependant, si vous avez des idées pour leur rendre la vie pénible, ou faire en sorte qu'ils ne fassent plus trop de victimes, vous êtes les bienvenus.

On s'est quand même fait confirmer, plusieurs fois, qu'il y aurait une navette mercredi matin. On prendra quand même le numéro de quelques taxis, parce que j'ai moyen confiance...

Et le reste de la journée ?

Assez zen, finalement ; on a dormi sur la plage, bercés par les Alizés, dorés par le soleil, et la tête nourrie entre l'angoisse de la négo à venir (et que j'ai longuement contée) et celle du retour.

On a, au retour chez Jérôme, fait des courses au Vons, y compris la Pizza géante (spéciale dédicace à Sarah, on a la photo), et un peu de vin pour oublier tout ça.

Et depuis, tels des Saccomano de la location de voiture, on RRRRRRefait le match pour savoir comment, pourquoi, on a loué chez eux. Mais on est un peu saouls donc on a du mal à déterminer ça.

Les photos, la route, le programme du matin, tout ça ?



Y'en a pas, na !

dimanche 6 avril 2008

6 avril: vous reprendrez bien un peu de désert?

Rendons à César ce qui lui appartient: ce fabuleux jeu de mots est de Florent. Nous sommes ce soir de retour à San Diego, après avoir conclu en beauté notre road trip américain.

Au menu des petits et grands mythes américains de la journée: road 66, désert venté, bagdad café.

Le réveil dans notre pyramide ce matin fut un peu douloureux, mais comment un dimanche matin à Las Vegas saurait-il en être autrement? Nous nous sommes vengés sur le "champagne brunch" du Louxor. Même si le champagne n'en est pas vraiment, c'est délicieusement décadent de commencer la journée avec une flûte de sparkling wine.

On a beaucoup roulé aujourd'hui, et nous avons confirmé la règle immuable de tout bon road trip: le moins d'autoroute tu emprunteras, de plus belles aventures tu vivras.

Le bout de route 66 que nous avons pris est un peu défoncé, ce qui fait partie du charme. Une belle autoroute toute neuve la longe, mais quel intérêt, franchement, de faire l'itinéraire le plus connu d'Amérique à côté de la route en question? C'est un peu étrange non? On a croisé quelques doux dingues à pied, d'autres à vélos, et quelques bikers, évidemment

De l'autre côté de la route, une antique voie de chemin de fer, où voyagent lentement d'interminables trains de marchandises. J'ai compté les wagons, je suis arrivée à 116.

La magie des vieilles routes américaines joue à plein. En plein désert, la route à perte de vue, les montagnes à l'horizon, on s'est payé le luxe de quelques frissons en écoutant au milieu de ce paysage l' "Allejulah" de Jeff Buckley.

Petite pause cinématographique au Bagdad Café. Sous un vent incroyable, on s'abrite à l'intérieur de l'antique café, lieu du tournage du film de 1987. La patronne ne semble pas une seconde surprise d'apprendre que nous sommes Français. On découvre en fait, dans le livre d'or qu'elle nous demande de signer, et sur tous les petits mots laissés par les fans de passage que les Frenchies sont extrêmement nombreux à s'arrêter ici. Il y a même un groupe de bretons qui est passé aujourd'hui même, d'après la date dans le livre d'or. Un des employés lance le juke box, évidemment sur Calling You. Le disque, qui doit tourner environ 20 fois par jour, craque comme la moleskine des banquettes. Bizarrement, cette mini usine à touristes est incroyablement authentique... Et les milk shakes sont aussi bons que promis par le Routard. Comme la vitrine arbore une affichette "vote Hillary for President", je me dis que je peux raisonnablement céder à la tradition locale et punaiser une carte de visite au mur!

Après cette petite parenthèse, on a repris la route, et même l'autoroute, laissant derrière nous la route 66 et toute la mythologie des pionniers américains. La fin d'après midi fut longue, un peu monotone, nous laissant tout loisir de repenser à toutes nos folles aventures.

Espérant qu'on aura pu vous faire partager un peu d'évasion...

La route:




Agrandir le plan


Les photos:





ps: demain, on va refaire quelques courses, dernière chance pour passer commande! laissez un commentaire ou par mail sur michauxcecile at gmail.com

5 avril: Las Vegas Parano

On a survécu à une journée à Las Vegas. On a les pieds en feu, le portefeuille amaigri, les rétines brûlées par les néons et les tympans crevés par le gling-gling des machines à sous, mais on l'a fait !

On a traversé une bonne dizaine de casinos, cinq galeries marchandes, petit déjeuner au mousseux, dîné dans le buffet le plus chic de la ville, sorte de téléscopage entre un Flunch et une brasserie Bocuse, marché sur dix kilomètres sur le Strip, quartiers glauques compris, et sans compter les kilomètres parcourus dans les casinos à la recherche de la sortie, écouté Bruce Willis jouer de la guitare, croisé Elvis Presley, et même gagné de l'argent (un peu).

Alors, évidemment, pour tout raconter, ça fait beaucoup - j'espère que les photos complèteront utilement.

Vous faites plus grand en vrai qu'à la tévé

La démesure ne passant pas totalement en photo, il faut imaginer, par exemple, que la mini-tour eiffel qui doit traîner en photo est à l'échelle 1/2.
Oui, oui, je sais, en photo on dirait qu'elle fait 25 mètres, mais non. Elle en fait 150. Tout comme la pyramide dans laquelle nous dormons, qui est à l'échelle exacte de celle de Gizeh.

Mais quand tous les casinos font, chacun, plusieurs hectares, quand la rue principale compte douze voies, ça fausse un peu la perspective. Ce qui nous a d'ailleurs coûté cher, puisque "ça a pas l'air bien loin, on y va à pieds".

D'autant que, dans les casinos, c'est facile de rentrer, mais sortir ou trouver un point précis, quel qu'il soit, n'a rien d'évident.
C'est un peu comme à Ikea, mais en plus grand, et sans les raccourcis : il faut passer partout (et surtout par les machines à sous) pour trouver les trucs utiles, que ce soit les restrooms, le restaurant, le comptoir de l'hôtel ou, pire, et là il faut avoir une boussole et de la mémoire pour reconstituer son trajet initial, la sortie.

La réalité, c'est un concept relatif

Un autre élément déstabilisant (et qui participe à la perte de toute notion de temps), c'est la manie des ciels bleus.
Vous allez me dire, Vegas, désert, fait chaud, évidemment que le ciel est bleu.

Non, là, le ciel est bleu dedans. Le plafond, quoi. Avec des nuages, des levers de soleil, et même parfois des orages, avec pluie et éclairs, oui, oui.
Jumelé avec une reconstitution (généralement plutôt, euh, disneylandienne) de, dans le désordre, la Rome antique, Venise, Paris, un souk oriental, l'effet est assez saisissant.

Quand on retrouve deux secondes de lucidité, ce qui est super-facile en nous lisant et beaucoup moins in vivo, on se dit que c'est complètement con, et qu'une verrière serait plus naturelle et appropriée.
Mais, 98% du temps, on est plutôt en mode Garance (ou autre fille d'un âge compris entre 2 et 6 ans) au pays des merveilles : on trouve tout très très beau, et très bien imité, on admire les gondoliers barbotant dans le canal (en intérieur, toujours, bien sûr), on trouve ça génial, et on file remettre quelques dollars dans une machine à sous.

On a ainsi lentement remonté le strip, pendant que la ville s'éveillait sur le coup des 17 heures (à vue de nez, ici le temps n'existe pas), puis, à la nuit tombée, on s'est lancés dans l'aventure de se rendre downtown : c'est à côté, puisque c'est juste au bout de la rue !

Walk on the empty sidewalk

Oulala, que c'était pas une bonne idée. En effet, entre le Sud des gros casinos kitsch, et le nord des vieux casinos kitsch (mais autrement), il y a cinq kilomètres de rien, mollement éclairés par quelques wedding chapels pas super tentantes et des motels, qui ont, certes, le charme discret de ces établissements pas rénovés depuis 1970 et dans lesquels les méchants des films de Blaxploitation élisent domicile, mais l'inconvénient de laisser à penser qu'un méchant va apparaître à tout moment.

Et là, plus de taxis, plus de valets pour appeler de taxis, plus d'arrêts de bus, plus rien, en fait.

De l'ombre à la lumière

Enfin, après un demi-siècle de marche environ (à vue de nez, on a du faire 15 kms dans la journée, quand même), des néons sont réapparus au loin : Fremont Street, enfin !

Une rue piétonne (c'est dingue), avec pleins de casinos à l'ancienne, avec des milliers d'ampoules (pas à économie d'énergie, vu la chaleur dégagée) pour faire clignoter tout ça, une faune légèrement différente, sensiblement plus "girl next door" et joyeusement éméchée. Après le désert de parkings et de boutiques de tatouage sales, ça.... repose, paradoxalement.

Soudain, à minuit, tout s'éteint.
Le moment, non pas de se souhaiter bonne année, mais pour un son et lumières, la dite rue étant recouverte d'une tendue qui fait aussi écran géant. Bon, on peut débattre sur la qualité artistique du spectacle, globalement pas pire qu'une projection le huit décembre place des terreaux, mais l'ambiance est joviale.

On finit la soirée au Golden Nugget, dont le nom, depuis notre découverte du Nevada à Carson City il y a déjà bien longtemps, nous inspire. On fait bien puisque, pour disperser le goût amer de notre traversée du désert, il nous offre, coup sur coup, d'abord un gain colossal de 20 $, puis, dans un des bars du casino, un concert de vieux routiers, efficaces, drôles, et avec le sosie de Bruce Willis à la guitare pour ne rien gâcher.

L'occasion aussi de découvrir que les américaines, quand elles s'amusent, font vraiment yiiiiiii comme Sharon Stone dans Casino, et pew comme Jackie dans That 70's show.

Demain, retour sur la route et à San Diego, avec des vrais morceaux de route 66, dont le Bagdad Café !

La route





Les photos



samedi 5 avril 2008

4 avril: from nowhere to Vegas

Bon, après deux buffets à volonté dont nous aurons l'occasion de vous reparler, petit retour sur la journée d'hier.

Réveil grognon à Cedar City, avec nos histoires de water pump plein la tête. Et si jamais il n'a pas reçu la pièce? et si ce n'est toujours pas la bonne? et si on était coincés dans cette horrible ville pour le restant de nos jours?...

Un petit coup de fil à Cheston, et le ciel commence à s'éclaircir. Oui, il a bien notre pièce. On va donc la chercher dans sa boutique, et oui, il a double-checked avec Darrell, promis c'est la bonne.

On reprend la route dans les montagnes et sous la neige jusqu'à Bryce Canyon, le coeur un peu plus léger, on refait une brassée de photos. On arrive, Darrell boit son Coca à la paille. Il nous prend la water pump des mains, fait une gentille blague et sourit. (Darrell est une icône sexuelle universelle: le mécanicien musclé un peu négligé mais tellement sexy, c'est lui.)

Nous avons de nouveau une heure et demi à tuer, ben... on retourne à Bryce Canyon. Trois fois en trois jours, franchement, je connais peu de touristes aussi assidus que nous. On s'installe au dernier point de vue qu'on avait pas encore fait, on s'assied au bord du sentier, un petit geai vient nous tenir compagnie.

L'heure et demi passée, un peu anxieux, nous voilà de retour au garage. Plus de Darrell, mais ses collègues nous accueillent avec un grand sourire: "Good news!" Titine est de retour parmi nous.

Pleins de joie et d'allégresse, nous bafouillons plein de remerciements à transmettre à nos deux sauveurs qui ne sont plus là, et on part, ou plutôt, on déguerpit de Bryce Canyon.

Cette petite mésaventure nous ayant couté non seulement le Lac Powell et Monument Valley, mais aussi le Grand Canyon, il faut que nous nous rattrapions. Alors on fait un petit détour par Zion Canyon. Autant Bryce était tout vertical, avec nos copines les hoodoos, autant Zyon est tout horizontal, les couches de sédiments calcaires se succédant et dessinant de longues lignes dans la roche. On pensait être lassés des cailloux rouges, ben non. C'est magnifique.

Revigorés, on abandonne définitivement les montagnes pour redescendre dans le désert, la plaine, retrouver l'autoroute, les grands panneaux de pub sur le bord, les lotissements déprimants à perte de vue, et bientôt, à l'horizon, la ville lumière, Las Vegas.

La publicité sur le bord des routes est aussi un bon indicateur dans une société. Quand on s'approche de Vegas, pas de pub pour les grands casinos du Strip, mais pour les petits plus populaires de Downtown. Des grandes pubs pour des adults megastore (je ne vous fais pas de dessins), et d'autres, pour des associations de soutien aux slots addicts. Une autre montre une fille laissant son numéro de téléphone et ce slogan "this is not a invitation to rape" (ce n'est pas une invitation à la violer); et une dernière, ma préférée "Is there peace without prayer?" (Y a t il une paix possible sans la prière?)

Las Vegas a déjà, avec quelques panneaux de pub, montré pas mal de ses paradoxes

Nous arrivons à l'heure de pointe, (mais y a t il ici une heure creuse?...) du vendredi soir ou les autoroutes et les aéroports déversent des milliers de touristes venus s'encanailler pour le week end. Après moult détours pour trouver l'entrée de notre hôtel, nous pénétrons enfin dans la pyramide du Louxor. Comme on aurait du s'y attendre, il faut traverser toute la salle de jeu avec nos valises avant de trouver la réception. D'ailleurs, on se fait alpaguer par un homme qui semble vouloir nous rendre service, en nous demandant d'où on vient, combien de temps on reste, on se dit qu'il va nous aider à nous y retrouver. Que nenni, il veut nous fourguer des tarifs réduits sur les spectacles de Vegas. Mais Florent, le Blue Man Group, le cirque du Soleil, Tom Jones, ou les Folies Bergères, ça ne le tente pas. Pas grave, y'a beaucoup d'autres choses à faire à Vegas.

Ayant enfin atteint la réception, nous prenons notre place dans la longue file entre les cordes et attendons notre tour, qu'on nous appelle au guichet. Ca nous rappelle un peu... les guichets de la SNCF... On commence à comprendre que le Luxor est un hôtel grand, mais pas vraiment un grand hôtel. Pas grave, on a une chambre dans la pyramide, avec une fenêtre en pente, et quand on prend l'ascenceur ("l'inclinator"), on a envie de vomir, c'est rigolo.

Après un incontournable "all you can eat" buffet au sous sol de l'hôtel, nous commençons notre tournée de "casinos hopping". Pour être dans le ton, on se fait un peu beau, sans arriver à la hauteur de la faune locale.

Ici, c'est un peu le paradis du mateur, il faut bien l'avouer. Les filles sortent en bande, gloussent beaucoup, boivent et se prennent en photos à tout bout de chant. Elles portent des sortes de minirobes de cocktail flashy, et des talons de 12. Les uniformes de serveuses, dans tous les casinos, rivalisent d'ingéniosité pour être le plus court possible. Il faudra expliquer au patron du Paris Paris (dont le slogan est "everything is sexier in Paris") qu'aucune parisienne ne porte de justaucorps bleu électrique hyper échancré avec une jacquette de majorette...

Bizarrement, c'est à quand même ici que j'ai vu les filles les mieux lookées du pays: des petites poupées genre Amy Winehouse avec robe vintage et maquillage travaillé. Plus rares, mais là.

Et aussi bien sûr, des mariées. On est vendredi soir, il y a un monde fou sur le Strip, en voiture, en limousine, mais surtout à pied, et on croise des tas de mariées, qui, comme toutes les filles, ont mal au pieds. Personne ne se retourne sur leur passage, elles font partie du décor.

Les casinos sont tous plus immenses les uns que les autres, plus incroyables et extravagants qu'on imaginait. Quand on arrive à Vegas, on hurle en disant "que c'est moche", au bout de quelques heures, (et avec l'aide ô combien précieuse d'un verre ou deux), on est tout émerveillés. Mais l'écoeurement n'est jamais loin, quand on voit le stand "shoeshiner" où une employée habillée en soubrette à bas résilles doit cirer les pompes, au sens propre, des clients; quand on voit les gogos danceuses qui se trémoussent en plein air alors qu'il y a un horrible vent très froid, ou quand on passe devant les dizaines de mexicains qui font claquer entre leurs doigts les petites cartes de visites vous promettant, "Andrea, 38$, at your room in twenty minutes, satisfaxxion guaranteed". Avec ou sans pepperoni?

Mine de rien, alors qu'on a l'impression d'avoir rien fait de notre soirée, on est rentrés à 2h du matin, en ayant joué dans au moins 3 casinos, en ayant bu un verre dans deux autres, en ayant fait un tour de grand huit en pleine ville (pour Florent), et ayant voyagé en monorail.

C'est beaucoup trop facile de se ruiner à Vegas...


La route






Les photos




vendredi 4 avril 2008

Back in The Game !

Un bref billet de Vegas, ou on dort dans une pyramide, pour rassurer nos fans : la voiture remarche, et cette ville est assez, euh, surprenante. On vous racontera ça plus en détail à notre retour d'excursion nocturne !

jeudi 3 avril 2008

3 avril: La montagne, ça vous gagne !

Yeeeee-ha !

On devient de vrais randonneurs aguerris, nous, à force... Hier, on a cru mourir avec une pitite randonnée de rien du tout, aujourd'hui, on a marché toute la journée, ou presque. Et on a même pas mal aux cuisses, en plus. Une vraie préparation de sportif de haut niveau, messieurs-dames, que de vivre perpétuellement entre 2200 et 2700 mètres...

Donc, aujourd'hui, on a marché. On a commencé par aller prendre des nouvelles de notre pompe. Plutôt bonnes, Andy avait des courses à faire à la grande ville, Cedar City (à 150 kilomètres), et il nous ramènerait au passage la pompe commandée la veille. Il serait de retour dans l'après-midi, ils nous changent la pompe, et zou !

Alors bon, pour tuer le temps, on a loué une voiture à Bernice (parce qu'on ne peut rien faire à pieds dans ce pays), et nous sommes allés visiter le Kodachrome State Park, un "modeste" parc du coin, ou on a marché dans des paysages on ne peut plus westernesques. Il y avait même la grotte du vieux chef indien, quelques hoodoos (que, dans ce parc, ils appelaient plutôt des cheminées, bizarrement).
Deux heures de randonnées tranquille, dans un parc désert, avant de revenir s'enquérir d'Andy, qui a bien récupéré notre pompe, et sera là vers quatre heures, donc, en partant vers six heures, on peut être à minuit au Grand Canyon.

Bon.

Ben, on retourne à Bryce pour occuper l'après-midi, alors ! Une petite sieste dans la voiture, et zou, on se lance dans le Navajo Trail, sentier de difficulté "moyenne", avec plein de dénivelé (enfin, 200 mètres), et sans eau. C'est ça ou tourner en rond pendant trois heures.

Et quelle bonne idée on a eu là ! Après avoir vu les hoodoos sous tous les angles, cette fois-ci, on est descendu dans les hoodoos.
Un peu comme dans le Grand Bleu, quand Jean-Marc Barr se met à nager au milieu des dauphins, nous on a marché au milieu des hoodoos.
Le Grand Orange, quoi !

Après une remontée etonnamment facile (la montagne, ça nous gagne !), on retourne voir la petite famille pour voir si Titine va mieux.

Et là, c'est le drame.

Tous ceux qui ont déjà eu affaire à un garagiste le savent, et je n'ai pas été vraiment surpris. Ils ont bien une pièce, mais pas la bonne. Un des magasins de Cedar City a commandé la vraie bonne pièce, ils l'auront demain matin. Mais pas de Bryçois pour aller faire du shopping à la grande ville. Donc, bon, ben elle arrivera ici samedi, si tout va bien, et donc, euh, ben après c'est le week-end, et donc... Cécile, qui ne connaît pas les garagistes, commence à pâlir un peu, mais finalement, nous trouvons la solution.

On va aller la chercher nous-même, cette foutue Water Pump ! Bernice nous explique soigneusement la route, nous explique que, chez Napa Tinks, il faudra bien demander à Cheston la pompe, en lui expliquant qu'on vient de la part de Darrell, limite si, en bonne mamie gâteau, elle ne nous donne pas une galette et un petit pot de beurre pour la route, en nous rappelant bien de se méfier du grand méchant loup et des perversions de la Grande Ville.

Du coup, on ne fait ni une, ni deux, ni trois, et on file vers Cedar City. La route est superbe, entre canyons rouges et cols à 3000 mètres avec l'option lac gelé avec sapins autour en bonus, et on arrive à Cedar.

20 000 habitants, une Main Street que les sites disent "historique", ce qui en dit beaucoup sur le manque de perspective historique américain (en gros, ça ressemble à une zone commerciale de banlieue avec deux bâtiments en brique pour le "cachet").

Certes, c'est "près" de plein de chouettes endroits, mais c'est très moyennement attractif, au point que le MacDo nous est apparu comme le choix le plus rationnel pour manger décemment.

Ce soir, nous invoquerons les mânes d'Ebenezer Bryce pour que Cheston ait la bonne Water Pump demain matin.
Et on ne desespère pas de repartir, de pouvoir dormir dans notre palace de Vegas demain soir, et de trouver un ou deux parcs nationaux (il y en a partout par ici) sur la route !

Les photos