lundi 31 mars 2008

31 mars : de l'enfer au paradis, ou inversement ?

Les adieux à Ely furent déchirants... Tant de chefs d’œuvre de taxidermie, tant de gentillesse, tant de sculptures réalisées par un ventriloque aveugle (du Wyoming), c’est dur de partir !

Un dernier petit déjeuner (steak, œufs brouillés, galette de pommes de terre, bref, du léger, pour 5 $), et on reprend la route, avec au programme … rien pendant 200 kilomètres, puis un bourg, puis le désert. On a scrupuleusement recherché les ghosts towns les plus typiques du comté d’Ely sur internet, et, après un choix difficile (il y en a 200, environ), on s’est arrêté sur Shellbourne (qui, effectivement, n’est sur aucune carte, et pourtant ils ont la place), avec en plan B Cherry Creek.

Un fantôme, par définition, on ne peut pas le voir



Hélas, hélas, hélas, à Shellbourne, soit il n’y avait effectivement vraiment rien, soit ce n’est plus fantôme : en dehors d’une ferme –en activité-, R.A.S. Dix kilomètres de latérite pour ça, c’est un peu décevant.
Reste, donc, Cherry Creek, qui est un « vrai » village, semi-abandonné, mais, d’après le guide, c’est vachement bien, y’a plein de ruines et une mine abandonnée. Yeeeeeeeeeehaaaa, comme on dit par ici, en plus la route est goudronnée, et un musée est annoncé, allons voir !

Ben pour voir, on a vu. Un endroit oublié, évoquant plus une favela que le far-west, avec, effectivement, des maisons en ruine, m’enfin pas très glamour. Une pancarte (qui sert aussi, comme souvent dans le Nevada, de stand de tir) indique bien le musée, vaguement dans la direction du chemin de terre, là, au dessus du bled. Bon. Ben puisqu’on y est, puisque je suis têtu, et puisque je veux voir une mine abandonnée, allons y.

Ben, voilà, c’est un chemin de terre, quoi. Un peu comme à Méjannes. Avec, certes, des pancartes étonnantes, du genre « attention aux poids lourds à la sortie du virage, ralentissez », alors qu’on est sur une piste gentiment défoncée ou dépasser 20 mph serait suicidaire, mais, bon, un chemin de terre.

Et, enfin !!!!! Une mine abandonnée.

Mais, là aussi, bon. Un bâtiment de tôle ondulée et rouillée, quoi. Comme on était à 20 kms de l’autoroute, et que les autochtones évoquaient plus un film de Romero que l’ambiance chaleureuse de l’hôtel Nevada, on s’en est contenté.

Et puis, ça me fournit un prétexte pour revenir, vérifier si les villes fantômes existent vraiment.

(et on aura une autre chance entre Las Vegas et San Diego, en vrai, mais ça je ne le dis pas à Cécile, qui a stoïquement erré au milieu de rien sans se plaindre)

Le grand lac salé du mauvais côté de la route



Je passe sur les 200 kilomètres de ligne droite jusqu’à Wendover, endroit absolument pas très jovial non plus. L’intérêt, ici, outre que c’est la seule route à 200 kms à la ronde, c’est les Bonneville Flats. Un immense désert, plat (mais alors plat, plat, hein) de sel.

Vous connaissez le bar en croûte de sel, au restaurant ?
Ben là, c’est pareil, sauf que c’est, en gros, un département entier à la croûte de sel. De quoi faire pleurer de jalousie un camarguais.

Un ciel parfaitement pur et bleu (on est à la montagne), le blanc du sel, le noir de la route, qui se perd dans le mirage à l’horizon, et des montagnes enneigées tout autour pour faire joli.

Seuls problèmes :

- Ou on s’arrête pour faire des photos, sur l’autoroute ?
- En fait, le plus spectaculaire, la partie parfaitement plus blanche que blanche où ils font les records de vitesse, c’est juste au Nord de l’autoroute. Autrement dit, ceux qui vont dans l’autre sens en profitent, nous, beaucoup moins.

Donc, bon, don’t try this at home kids, these are professional cascadeurs doing their métier, mais nous on l’a fait, on a traversé l’autoroute.

A pied. Et deux fois (mais ça c’est une longue histoire dans un billet déjà infiniment trop long)

Utah sucks



Ce titre en hommage à Sylvain (qui comprendra et pourra toujours expliquer), qui, il faut bien l’avouer, n’avait pas tout à fait tort : je n’ai rien contre les mormons, mais alors on rigole beaucoup moins à Salt Lake City qu’à Ely : c’est joli, c’est propre, bien propre, les rues au carré, tout ça, mais alors, c’est mort…

Et là, si les gens viennent vous parler, c’est par deux, avec un petit badge, et pour vous vendre le paradis, une visite de l’église et/ou un baptême post-mortem. Gentiment, certes, m’enfin une ville ou la moitié de la population se perçoit comme un missionnaire, c’est plutôt spécial.

Demain, on file dans le Sud, direction les paysages en cinémascope – Lac Powell, Grand Canyon, Bryce Canyon (pas tout le même jour, hein), avec, si tout va bien, nuit dans un vrai ranch, avec de vrais cowboys.

L’occasion de vérifier s’ils sont vraiment comme dans Brokeback Mountain…

La carte





Les photos



7 commentaires:

Cécile a dit…

j'ajoute que c'est aujourd'hui que nous sommes passés à wendover, le lieu où a été prise la photo du header, à la limite entre le nevada et l'utah. pour vous prouver qu'on avait pas choisi la photo par hasard!

Anonyme a dit…

Utah sucks .. Je le savais !!! ;o)
N'empêche de bien bo paysages à faire peur ... Vous devriez camper et passer la nuit dans les lieux les plus désertiques .. Ca fait très films d'horreur .. Géniaaaaaaaaal

Anonyme a dit…

bonjour les aventuriers, merci de nous faire partager votre voyage et vos photos. A propos un concours est organisé par France Inter, http://www.radiofrance.fr/franceinter/em/etpourtantelletourne/jeu.php?mode=a,
continuez de nous faire rêver...bises, à bientôt, yamina

Anonyme a dit…

Salut les chevaucheurs fantastiques!
décidément très dépaysant ce petit blog, même si les villes fantômes ne sont pas à la hauteur de celles qu'on voit dans les vrais faux westerns du cinéma, au moins cec s'est mise à la mode ricaine avec son superbe sweat, lol!
de mon côté record battu: appart et boulot trouvés en moins de deux semaines! C'est pas byzance mais un bon début quand même. explications et levage de verres pour fêter cela à votre retour.
Bisous de moi et léchouilles rappeuses de vos chats.

Anonyme a dit…

Salut le Flop, salut Cécile (même si on se connait pas, mais tu me pardonneras cette familiarité. Ou pas).

Il se raconte même que les périgrinations d'un missionaire social-réformiste font parler jusque dans les chaumières nantaises.

Ca fait juste bizarre de te voir parler alternativement de bouffe et de bagnoles, puis de bouffe et de bagnoles. Le changement de continent, surement !

Bises et merci pour ces moments d'évasion !

O.

Cécile a dit…

bravo à toi chloé je suis fière de toi!
merci à tous pour vos commentaires, on a bien besoin de vos encouragements, maintenant que la voiture est au garage!
mais on ne se décourage pas, on va surement louer des vélos pour cet après midi...

Anonyme a dit…

Salut Olivier,

ça fait plaisir de voir qu'on est lus de partout en France !!!

Effectivement, on a un peu mis de côté la dimension politique, pour se concentrer sur le manger, et la voiture (et pour ce qui est de la voiture, c'est très loin d'être fini en plus).

C'est l'acculturation au mode de vie américain : il semblerait que l'essentiel de leur projet de vie soit de prendre leur voiture (la plus grosse possible) pour aller manger. Nous, on s'arrête regarder les paysages entre deux repas, ça fait déjà pas mal extra-terrestre de leur point de vue !